L’ART ROYAL

La Science moderne pages 49 et 50

L'Art Royal, chapitre II, illustration de tête dessinée par l'auteur: le soleil entouré de deux serpents

II   La Science moderne

Bien qu'il n'entre pas dans le cadre de cet ouvrage de tracer le tableau des premières civilisations, nous sommes obligés d'en rapporter les traits principaux, afin de bien marquer l'étendue des progrès que l'humanité devait accomplir avant de s'élever à la civilisation actuelle.

Le siècle que nous venons de traverser et qui a enfanté tant de merveilles, le siècle de la vapeur et de l'électricité, le siècle qui a transformé toutes nos croyances et créé un monde d'idées nouvelles et de pensées nouvelles, ce siècle, si extraordinairement fécond, a vu se réaliser aussi, dans les diverses branches de l'histoire, les découvertes les plus imprévues. Lorsque, il y a une centaine d'années, le voyageur visitait les ruines mystérieuses des antiques cités de la vieille Asie et de la terre des Pharaons, les débris formidables de monuments splendides qui frappaient ses regards étonnés lui apparaissaient comme des témoins des premiers âges de l'humanité. Il ne se doutait guère que, lorsque Homère écrivait ses poèmes, lorsque s'élevaient sur les rives du Nil les pyramides gigantesques et les sphinx au sourire éternel, l'homme avait déjà derrière lui un long passé.

À une époque récente encore, nul ne pouvait douter que cinq à six mille ans à peine nous séparait des origines du monde et de la création de l'homme. Personne ne soupçonnait que plus de cent mille ans avant les temps historiques, bien des siècles avant l'âge d'or des poètes et des traditions bibliques, l'homme encore sauvage et nu, amassait péniblement les germes de ses futurs progrès et que, pour s'élever à la civilisation, il lui a fallu des temps d'une effrayante lenteur. Relativement aux âges historiques eux-mêmes, on ne connaissait alors que les vagues traditions conservées par les écrivains de l'antiquité classique. Des périodes de plusieurs milliers d'années étaient enveloppées d'une nuit profonde. Peuples, villes, empires, apparaissaient brusquement dans l'histoire et disparaissaient plus brusquement encore. Il fallait arriver aux temps presque modernes de la Grèce et de Rome pour voir s'éclaircir le chaos du vieux monde.

Mais après avoir vécu pendant si longtemps de traditions qui n'avaient que leur antiquité pour elles, la Science moderne s'est mise à douter, et dès qu'elle douta, elle commença à chercher. Grâce à elle, le voile épais qui nous cachait l'histoire s'est déchiré, et soudain, devant nos yeux émerveillés, s'est déroulé tout un long passé que nul n'avait soupçonné, un monde de civilisations, de races et de langues dont nous ne savions rien. Elle a retiré des profondeurs du globe les débris de l'industrie, des armes, des demeures de nos lointains ancêtres, et prouvé que, depuis que les premiers hommes ont vécu, les continents, les mers, les montagnes, la flore et la faune, le monde enfin, a profondément changé. Elle a créé de toutes pièces une branche de connaissances entièrement nouvelles : la préhistoire.

Scrutant de plus en plus profondément les origines et le développement de nos civilisations, elle a bientôt constaté que tous nos vieux livres étaient à refaire, que toutes les notions éparses dans la Bible et les Écrits classiques sur les anciens peuples de l'Orient : Égyptiens, Assyriens, Phéniciens, Babyloniens, etc., étaient d'une insuffisance extrême. Elle a ramené à la lumière de longs siècles d'histoire. Elle a retrouvé de puissants empires, des sociétés brillantes, des cités splendides qu'avaient ignorés tous les historiens. Aujourd'hui, elle force à parler tous les vieux témoins des âges disparus…




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